La genèse des textes

Tout commence au moment où Charline m'envoie son illustration. Mon défi est de réussir à restituer par mes mots l'atmosphère de ses crayonnés. J'imprime l'image, je me pose quelque part, et je réfléchis. Bien vite, en étudiant chaque détail de l'image, des idées me viennent en tête, que je retranscris immédiatement à la main sur un carnet de note. C'est ainsi que se construit le premier jet, sous le coup d'une inspiration quasi automatique. Lorsque le cerveau est en cale sèche, je rature, je réécris, je me force à inscrire des mots, des images, des idées.

Puis, vient le moment de retaper ce ramassis d'idées à l'ordinateur. En remettant tout ça au clair, des idées supplémentaires peuvent me venir à l'esprit, et je modifie en conséquence. Une fois que le texte est au propre, je regarde l'ensemble et m'auto-critique aussitôt. J'ai là un morceau brut, qu'il va falloir retravailler pour lui donner la forme que je veux.

Aussitôt, je commence à travailler. Je remanie les mots, cherche des synonymes plus appropriés, fouille dans le champs lexical et sémantique de l'atmosphère que je veux donner. Toujours, je garde devant moi le crayonné de Charline, pour en dévier le moins possible. Quand je pense avoir fait mon possible pour l'instant, je m'arrête là, et j'imprime. Je montre le résultat à Charline, qui me donne son avis de lectrice sur l'ambiance globale, la pertinence de certaines expressions, les difficultés de certains mots. Je me remets donc à l'ouvrage et modifie le texte en fonction de ses commentaires.

Parfois, je me sens moi-même très mécontente de l'ambiance globale de la comptine, qui ne correspond pas vraiment, malgré ma vigilance, à l'illustration. D'ailleurs, souvent, je sens que Charline n'est pas convaincue non plus : il va donc falloir que je mette les bouchées doubles pour que le texte soit plus en harmonie avec l'image. Je supprime des passages entiers, voire tout le texte. Je reformule, j'étudie plus minutieusement l'image pour capter ce qui m'a échappé. Je ne m'arrête que lorsque je pense avoir trouvé. S'en suit une relecture de Charline, d'autres remarques, d'autres remaniements.

Je ne m'arrête que lorsque je pense être allée au bout de mon idée. Mais il y a toujours des détails de forme à modifier, un mot à la place d'un autre, une répétition malvenue, une idée redondante... Je traque, supprime sans pitié, remplace, fouille les dictionnaires pour trouver le mot juste. L'orthographe, la grammaire, la typographie, la logique doivent toucher la perfection. S'il ne tenait qu'à moi, je ne m'arrêterai jamais... Heureusement, les délais sont là pour me rappeler qu'il me faut toujours, à un moment ou à un autre, mettre un point final à mon travail !

Evelyne